La dépigmentation

Un choix effectué par la femme pour plaire à son homme

Plusieurs sortes de dépigmentation demeurent une solution nécessaire à la gente féminine pour mettre en valeur sa peau. Dans l’intention de se montrer intéressante à son homme, la plupart des femmes béninoise s’adonne à la dépigmentation de la peau, tout en ignorant les conséquences liées à cette pratique inintéressante. Au cours d’un entretien avec le dermatologue Fabrice Akpadjan, il a expliqué les risques de l’utilisation des produits dépigmentant la peau.

peau dépigmentée

A côté des complications esthétiques, il existe des complications vitales, au premier rang desquelles des infections qui tuent rapidement par chocs septiques. Les infections les plus fréquentes et les plus graves sont les dermohypodermites bactériennes. Ce type d'infection n'existait pas il y a 30 ans en Afrique noire et elles sont désormais la première cause d'hospitalisation dans la plupart des services de dermatologie en Afrique. Elles ne surviennent que chez les femmes qui se dépigmentent selon le dermatologue Fabrice Akpadjan.

Parmi les autres complications mortelles, on note l'apparition de cancers, notamment de carcinomes épidermoïdes. L'utilisation prolongée d'hydroquinone et de dermocorticoïdes a été associée à la survenue de ce type de tumeurs. Ces carcinomes ne se localisent que sur les zones où la préparation a été le plus intensément appliquée. Ces cancers propres aux peaux blanches ont récemment fait leur apparition sur peaux noires suite à des années de dépigmentation intense. Chez ces femmes noires, nous ne retrouvons aucun autre facteur de risque que la dépigmentation.

Moins graves sont les déconvenues esthétiques avec la non obtention de l'effet éclaircissant voulu. Certaines femmes voient leur peau devenir multicolore sur la zone où le produit a été appliqué, alors que d'autres voient apparaître des vergetures, de l'acné, ou une atrophie. Tous ces effets sont des conséquences connues des corticoïdes lorsque leur utilisation est prolongée.

Enfin, ces produits entraînent des effets non dermatologiques : altération osseuse, hypertension artérielle, diabète, complications rénales et neurologiques. Ils exposent aussi l'enfant à des risques toxiques, en cas d'utilisation chez la femme enceinte ou allaitante. Or, « chez nous, les femmes enceintes ont tendance à se dépigmenter de façon à avoir le teint le plus clair possible le jour du baptême de l'enfant ».

Quels sont les produits les plus utilisés ?

Les produits utilisés contiennent le plus souvent des dermocorticoïdes d'activité très forte, de l'hydroquinone, ou des dérivés contenant du mercure. Ils sont présentés sous forme de crèmes, gels, laits corporels ou savons, sont appliqués sur de longues périodes et sur une grande surface de peau. Les conséquences sont locales et systémiques car ces substances passent facilement dans le sang.

Le choix de la peau émane de la race humaine. Mais grâce à la modernisation, les méthodes de transformation de la peau deviennent plus récurrentes. De la dépigmentation au coup élevé, à celle à bas prix, tout dépend de la bourse de la jeune femme qui rêve d’avoir une peau claire.

Naturellement de teint noir, Rachida, jeune étudiante nous livre ici les raisons pour lesquelles, elle a choisi rendre sa peau claire quand bien même, celle-ci a une couleur de peau noire.

« J’observe un peu les hommes et en particulier mon petit ami, et j’ai constaté avec beaucoup d’amertume qu’il aime les femmes à la peau claire. Aussi, si vous le constater, ces femmes sont très remarquables seulement quand elle marche dans les rues. Les hommes sont attirés par cette lumière qu’elle dégage. Moi aussi j’aime bien voir les femmes à la peau claire, je les trouve plus jolies. De ce fait, Je suis allée voir une esthéticienne pour qu’elle me prescrive une pommade, c’est depuis ce temps que j’ai changé de de couleur de peau et je m’y plaie bien avec mon nouveau teint. Je me vois plus belle à présent. Mon petit ami ne m’a pas fait de reproche et je suis toujours avec lui donc, ce que je soupçonnais est vrai, il préfère les femmes à la peau claire. C’est parce que je tiens à lui et je veux le conserver que j’ai fait ce choix, encore qu’il n’y a plus d’homme comme on le dit souvent. Il faut toujours se consacrer à ce que l’on fait, ce n’est pas facile de passer soigneusement et tous les jours la pommade. Parfois je suis fatiguée ou j’ai très chaud mais je suis tenue déjà que c’est un traitement je suis contrainte d’aller au bout afin d’obtenir un bon résultat.  Quand vous pensez à quelque chose, c’est cette pensée qui vous suit. Moi je ne pense pas aux conséquences que ma peau pourrait avoir. Jusque-là je n’ai rien eu et je n’aurai rien. J’avoue que je ne sais s’il y a de corticoïde dans ma pommade et j’ignore ce que cela veut dire. Je ne peux obliger mes sœurs de faire comme moi, puisque moi je l’ai fait avec ma volonté. Chacun est libre de faire de sa peau ce qu’il veut. Je ne pense plus redevenir dans la peau noire, même si on raconte que c’est la meilleure peau, j’espère avoir toujours les moyens financiers pour continuer mes soins ».    

Du suivisme à l’application, Rachida a désormais une peau claire voire une peau rouge. Cette peau dénaturalisée retrouvera-t-elle sa vraie nature ?

« Chasser le naturel, il revient toujours au galop », selon le dermatologue Fabrice Akpadjan. Il ajoute que : Les types de pommade qu’utilisent ces femmes dans l’intention de réaffirmer leur beauté ne font que abîmer leur peau sans qu’elle n’en soit consciente. Après plusieurs soins, la peau s’adapte et change de couleur, et à force d’insister, la peau claire commence à brûler et laisse des taches noires qui présentent un aspect désagréable à la vue. Pendant le traitement, toutes les parties du corps ne s’éclaircissent à la fois, d’où les pieds et mains demeurent à l’étape initiale (noire). Tout ceci est généralement dû au contenu du produit cosmétique. Le corticoïde qui n’est qu’un anti-inflammatoire se retrouve généralement dans ces pommades qui servent à la dépigmentation de la peau. Il favorise l’action rapide et joue néanmoins son rôle qui n’exclut pas les conséquences.     

Que faire ?

Il faut expliquer aux femmes les risques auxquels elles s'exposent. Pendant une longue période, il ne s'est rien passé mais je pense que nous avons atteint la durée critique au-delà de laquelle les catastrophes commencent à survenir. Il ne faut pas proposer autre chose à ces femmes. Ce serait leur faire croire qu'elles peuvent se dépigmenter. C'est une illusion. Si les noirs peuvent vivre sous le soleil, c'est parce qu'ils sont noirs ! Aussi les femmes doivent comprendre que, les produits cosmétiques achetés dans les marchés, sur les étalages exposés au soleil sont très dangereux.